Troquer sa bicyclette contre une action en bourse : le geste peut sembler absurde, voire téméraire. Pourtant, c’est l’intuition d’un investisseur de Toronto qui a préféré miser sur l’avenir d’une entreprise canadienne plutôt que sur la promesse incertaine d’un deux-roues flambant neuf. Derrière ce choix un brin provocateur, une question secoue les portefeuilles : quelle action canadienne mérite vraiment d’être embarquée pour 2025 ?
Le paysage boursier canadien en 2025 : tendances et enjeux majeurs
La bourse de Toronto a offert aux investisseurs un millésime remarquable en 2024 : le S&P/TSX a bondi de 18 %, dynamisé par l’énergie, la finance et les matériaux. Mais ne vous y trompez pas : cette euphorie sur le papier dissimule déjà les premiers signes de ralentissement. Les projections pour 2025 parlent d’une croissance ralentie et d’une volatilité renforcée. La stabilité ? Un mirage sur les marchés financiers, surtout quand la demande mondiale se cherche et que les banques centrales durcissent le ton.
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Sur ce territoire nord-américain singulier, la composition sectorielle reste dominée par les matières premières et la finance. Le secteur de l’énergie reste la colonne vertébrale du TSX, porté par une transition énergétique qui bouscule les acteurs historiques du pétrole et du gaz. Les institutions financières, elles, s’appuient sur leur robustesse, mais doivent désormais jongler avec la montée en puissance des fintechs et une réglementation plus stricte.
- La croissance du TSX dépendra de l’aptitude des entreprises à créer de la valeur dans un climat moins porteur qu’hier.
- Le rendement des actions canadiennes sera mis en balance avec les alternatives mondiales, sous l’œil critique des gérants qui surveillent l’indice MSCI World.
En clair : le marché canadien exige désormais une vigilance de tous les instants. La volatilité pourrait ouvrir des brèches aux audacieux, mais gare à la marche arrière brutale. La diversification n’est pas un joker : c’est la seule fondation solide pour investir au Canada en 2025.
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Quels critères distinguent une action prometteuse l’an prochain ?
En 2025, sélectionner une action canadienne à potentiel ne relève plus de la simple intuition. Les investisseurs les plus affûtés scrutent une batterie d’indicateurs : régularité de la croissance du dividende, solidité du modèle économique, aptitude à traverser les tempêtes cycliques. Sur le TSX, le statut de ‘dividend aristocrat’ fait figure de sésame : seules les sociétés ayant augmenté leur dividende dix années de suite peuvent l’arborer. Metro Inc. enchaîne 28 hausses annuelles ; Fortis en affiche 50, Canadian Utilities détient la couronne avec 52 ans de progression ininterrompue.
- Rendement du dividende : Enbridge (7 %), Telus (6,56 %), Canadian Utilities (6,25 %) dépassent nettement la moyenne du marché.
- Durabilité de la croissance : Alimentation Couche-Tard conjugue 13 années de hausse du dividende et une expansion internationale, incarnant la résilience.
Impossible d’ignorer la valorisation. Un PER raisonnable, à l’image de Metro Inc. (17,2 en juin 2024), limite le risque de surpayer. Misez sur les bilans sains : endettement contenu, capitalisation boursière robuste, capacité à encaisser les chocs.
L’exposition sectorielle affine la stratégie. Les banques comme la Banque Nationale (dividende de 3,94 %) et les infrastructures (Enbridge, Fortis) servent de bouclier contre la volatilité. Mais les nouveaux relais de croissance ne sont pas à négliger : Telus s’impose sur la santé numérique, Canadian National Railway domine la logistique ferroviaire.
Société | Rendement du dividende | Années de croissance du dividende |
---|---|---|
Metro Inc. | 1,65 % | 28 |
Fortis | 4,5 % | 50 |
Canadian Utilities | 6,25 % | 52 |
Enbridge | 7 % | 28 (jusqu’en 2020) |
Zoom sur les valeurs canadiennes à surveiller pour un investissement stratégique
Parmi les poids lourds du marché canadien, quelques noms s’imposent comme des piliers pour tout investisseur averti. Metro Inc. règne sur la distribution alimentaire, avec 16,8 milliards de dollars canadiens de capitalisation et une présence écrasante au Québec et en Ontario. Metro, Super C, Jean Coutu : l’entreprise quadrille tout le territoire de l’alimentation et de la pharmacie. Sa régularité dans la hausse des dividendes depuis 28 ans en fait une valeur de fond de portefeuille.
Côté infrastructures, Fortis et Canadian Utilities incarnent la constance : Fortis dessert plus de 3 millions de clients à travers l’Amérique du Nord, tandis que Canadian Utilities détient le record national de croissance du dividende (52 années consécutives). Elles résistent aux tempêtes boursières et offrent une stabilité rare.
- Enbridge possède le plus vaste réseau de pipelines en Amérique du Nord, affichant un rendement du dividende irrésistible (7 %) pour les amateurs de revenus réguliers.
- Banque Nationale du Canada propose un équilibre enviable : croissance maîtrisée, dividende à 3,94 %, ouverture sur l’international.
L’innovation n’est pas en reste : Telus mise gros sur la santé numérique et l’agriculture connectée. Alimentation Couche-Tard aligne 9300 magasins dans 14 pays et continue son expansion. Canadian National Railway sécurise la logistique du continent, pilier discret du commerce nord-américain.
Conseils pratiques pour bâtir un portefeuille gagnant au Canada en 2025
Les perspectives s’annoncent contrastées. Après avoir caracolé à +18 % en 2024, l’indice S&P/TSX devrait marquer le pas en 2025, sous l’effet d’une volatilité qui s’intensifie. L’énergie, les matériaux et la finance restent en tête, mais il faudra désormais faire preuve d’un discernement accru.
Pour construire un portefeuille solide, la diversification n’est pas négociable. Des experts comme Angelo Kourkafas (Edward Jones) et Brianne Gardner (Raymond James) conseillent de mélanger les titres de rendement et les valeurs de croissance. Le marché canadien regorge de dividend aristocrats : Metro Inc. (28 ans de hausse), Fortis (50 ans), Canadian Utilities (52 ans). Ces titres constituent un socle défensif, même lorsque l’incertitude domine.
- Misez sur la complémentarité sectorielle et géographique : combinez services publics (Fortis, Canadian Utilities), finance (Banque Nationale), énergie (Enbridge) et innovation (Telus).
- Les ETF indexés sur le MSCI World ou spécialisés permettent d’ajuster l’exposition internationale, un atout pour ceux qui investissent via un PEA ou une assurance vie.
Restez discipliné : ajustez régulièrement vos pondérations. Brian Madden (First Avenue Investment Counsel) souligne que l’environnement de taux d’intérêt en 2025 exigera une attention particulière à la duration des actifs et à la solidité des dividendes. Allier gestion active et sélection pointue reste la meilleure défense face aux soubresauts prévus à Toronto.
Le marché canadien ne promet pas de lignes droites : il impose des choix réfléchis, des arbitrages et parfois un brin d’audace. En 2025, chaque décision d’investissement sera un coup de pédale supplémentaire vers l’avenir – à condition de choisir la bonne monture financière.